Le terme de banane fait référence à tous les types de bananes, y compris les bananes à cuire (25% de la production bananière). Les bananes de toutes variétés appartiennent au genre Musa, à la famille Musaceae et à l’ordre Zingiberales. Avec les nombreuses espèces sauvages et originaires de l’Asie du sud-est, le genre Musa regroupe environ 40 variétés de bananes (Stover and Simmonds, 1987).
Les bananes (de l’espèce Musa × paradisiaca) représentent une culture importante en Afrique sub-saharienne, où en plus d'avoir une part importante dans la consommation alimentaire, elles y jouent également un rôle culturel et médicinal. De nombreuses espèces de bananes sont cultivées en Afrique. En fonction de la façon dont elles sont utilisées, elles peuvent être classifiées comme suit:
- La banane dessert, qui inclue de nombreuses variétés (Cavendish, Bananes rouges, Gros Michel…). Elles sont consommées en tant que fruits mûrs (bananes de table). Ces espèces sont fragiles face aux nématodes; aux taches foliaires et à la fusariose même si elles sont généralement tolérantes face aux attaques du charançon. La variété Cavendish est la plus populaire et précieuse des bananes dessert, et est commercialisée dans le monde entier.
- La banane à cuire, qui inclue les bananes des hauts plateaux de l’Afrique de l’Est (EAHB) et de nombreux autres types de plantains consommés cuits ou rôtis. La banane EAHB est dite endémique dans les régions d’Afrique de l’Est et pousse facilement à haute altitude (supérieure à 1000m). En outre, la plupart des plantains sont des variétés de plaine et sont très sensibles face aux attaques du charançon.
- La banane à bière, surtout utilisée pour la production de jus de banane, consommé directement ou utilisé pour faire du vin, de la liqueur ou de la bière de banane.
- La banane hybride, qui inclue un certain nombre de variétés améliorées, comme la banane FHIA. Elles sont utilisées de diverses manières, tantôt comme bananes dessert, tantôt pour la production de jus… De plus, elles résistent aux nématodes.
Botanique
Les bananes comestibles ne contiennent pas de graine. La reproduction est assurée via son rhizome souterrain, dont les pousses bourgeonnent à intervalles réguliers. Le bananier possède un dénommé pseudo-tronc, qui est créé par les gaines des feuilles. L'inflorescence commence habituellement autour de 7 à 9 mois après la plantation, en fonction des conditions climatiques et du type de sol.
La reproduction des bananes est effectuée par voie végétative. En fonction des stocks, des montants nécessaires et des possibilités de transport, sont disponibles:
- Des rhizomes complets; ainsi que
- Des morceaux de rhizome;
- Des pousses avec inflorescences dans le pseudo-tronc ; ainsi que
- Des pousses sans inflorescence dans le pseudo-tronc.
L’utilisation des rhizomes complets est laborieuse. Elle nécessite une grande quantité de matériel de départ et génère des coûts de transport élevés. Les morceaux de rhizomes et les pousses sans inflorescence dans le pseudo-tronc sont moins chers.
Il est très important que les pousses ne soient pas endommagées, et proviennent de plantations sans nématodes. Avant la plantation, les racines et zones endommagées doivent être enlevées à l'aide d'un couteau affûté.
Méthodes de plantation
Les bananes sont une culture tropicale et subtropicale vivace capable de se développer dans un large éventail d’environnements. Cependant, les systèmes de production de bananes peuvent être divisés en trois grandes catégories en fonction du nombre de récoltes et de l’intensité de la gestion mise en œuvre.
a. Système de jardin potager
La banane est cultivée dans un système hautement intégré, en particulier dans les zones périurbaines, où la surface de terre est limitée. Les bananes sont cultivées principalement pour la nourriture en combinaison avec d'autres entreprises employant les méthodes "zéro pâturage" ou celles de potagers afin de satisfaire les besoins nutritionnels et ceux du marché périurbain. Il s'agit d'un système à intrants faibles et en principe la gestion des parasites et des maladies n'est pas effectuée.
b. Système agroforestier a long terme
Les bananes sont intercalées avec des cultures vivaces comme le café, la vanille, le cacao ou des arbres fruitiers. Les bananes servent comme une culture d'ombrage et fournissent de la nourriture pour les besoins des ménages. Tout excédent est vendu sur le marché. En général, différents cultivars sont cultivés ensemble en fonction de l'emplacement et de l'utilisation prévue des bananes. Les plantes ne sont pas remplacées jusqu'à ce qu'elles meurent de sénescence, d'une maladie ou d'une invasion de parasites. Il s'agit d'un système à intrants faibles et de nombreux parasites et maladies sont soit partiellement contrôlés, soit pas contrôlés du tout, ce qui rend la production de bananes très vulnérable. Toutefois, c'est le système de production le plus utilisé dans la plupart des régions d'Afrique productrices de bananes.
c. Plantation commerciale
Il s’agit d’un système de monoculture réservée à un seul cultivar, comprenant des variétés de bananes dessert ayant un fort potentiel d’exportation. La gestion de ces plantations se caractérise par une sélection rigoureuse des variétés et très souvent une utilisation intensive d'engrais synthétiques et de pesticides. Les cycles de cultures sont bien définis et durent généralement de 2 à 5 ans, après quoi toutes les plantes sont arrachées puis remplacées.
Les défis de la production de bananes en Afrique
La production bananière africaine doit toutefois faire face à de nombreuses menaces, incluant:
- Les parasites et les maladies, qui sont la principale menace pour la production de bananes. Les cultivars traditionnels de bananes ont été gravement endommagés par un large éventail d'organismes nuisibles et de maladies, ce qui a entraîné de lourdes pertes de rendement. Par exemple, le flétrissement bactérien et la fusariose sont de graves menaces dans de nombreux pays d'Afrique sub-saharienne, pouvant mener à 100% de pertes. Les nématodes, les charançons du bananier, les taches foliaires et le virus de la banane Bunchy Top (BBTD) ont également causé d'immenses dégâts aux plantations. La plupart des agriculteurs manquent d'informations sur la bonne gestion de ces infections, permettant à ces dernières de se répandre sans qu’ils ne puissent agir.
- La faible productivité est due principalement à une mauvaise gestion de la fertilité des sols, de la conservation des eaux et des pratiques d'élevage. Dans les zones montagneuses, les plantations de bananes ne sont pas aménagées en terrassement et encore beaucoup d'arbres sont coupés des jardins. Les couches arables de la terre et le paillis sont emportés par les cours d’eau en amont. Les bananes nécessitent une bonne humidité du sol. De nombreux drageons sont laissés à l’abandon, et l'élagage et l'enlèvement des bourgeons mâles se fait soit en retard, soit pas du tout. Les cycles de culture ne sont pas réglementés et parfois un même jardin de bananiers est abandonné pendant une longue période sans rotation ni replantation. Les drageons destinés à établir de nouveaux jardins sont transportés avec toutes leurs racines d'un village à l'autre, répandant ainsi les parasites et les maladies.
- Les tempêtes de grêle et de vent peuvent affecter la production de bananes. Les bananiers ont des racines peu profondes, des pseudo-troncs fragiles et des feuilles sensibles. Cela les rend extrêmement fragiles face aux vents forts et aux tempêtes de grêle, en particulier pendant la période de fructification. Il s'agit d'un problème récurrent dans les monocultures de plantations de bananes, où les arbres sont coupés à d'autres fins et dans des zones montagneuses.
Amélioration de la gestion des parasites et des maladies de la banane
Les bananes sont sensibles à un large éventail de maladies et parasites. Certains d'eux sont particulièrement destructeurs et se propagent facilement et rapidement, et une fois qu’ils apparaissent, ils sont à la fois persistants et difficiles à éradiquer.
La gravité et la fréquence des infestations de parasites et les dommages des plantes dépendent des conditions environnementales dominantes, de chaque type de cultivar, et de chaque type de maladie ou de parasite. Cependant, la plupart d'entre eux peut être gérée et contrôlée par la mise en œuvre de méthodes de production biologique.
L'approche principale dans la gestion biologique des parasites et des maladies dans la production bananière est la prévention et la gestion des infections afin de limiter leur propagation et leur multiplication. Avec la mise en œuvre de meilleures pratiques culturelles (par exemple, l'amélioration de la fertilité des sols, la rotation des cultures, l'utilisation de variétés résistantes et l'utilisation d’un matériel de plantation sain, l'assainissement adéquat des plantes infectées...), beaucoup de ces parasites et maladies peuvent être gérés de manière efficace. C'est également une nécessité puisque que la plupart de ces maladies destructrices ne peuvent être éliminées par des méthodes de lutte directe.
Etablir une nouvelle bananeraie
Une terre avec des sols profonds, bien drainés et fertiles, de préférence riches en matières organiques, est bon pour la production de bananes. Elle encouragera le développement de plantes vigoureuses, résistantes aux infections. Il est préférable d'utiliser une terre où aucun antécédent de nématodes, d'infection bactérienne ou de fusariose n'a été relevé.
Si la terre a été utilisée pour la production de bananes au cours des deux dernières années, il est fortement recommandé de supprimer les plants de bananes et rhizomes restants. De tels restes sont susceptibles d’être porteurs de maladies et parasites. Ces restes doivent être utilisés à des fins autres que la production de bananes, par exemple en étant broyés et utilisé comme compost.
Ensuite, des légumineuses (comme le haricot) doivent être plantées sur ce terrain, ou autre solution, ce dernier doit être laissé en jachère avec une couverture d’engrais verts pour une durée de un ou deux ans. Cela permettra de s'assurer que les parasites, infections et maladies restants soient complètement supprimés avant l'introduction de nouveaux bananiers.
Toutes les mauvaises herbes vivaces doivent aussi être enlevées et détruites avant la plantation, les bananes étant très sensibles à leur présence. Certains des arbres existants sur les terres choisies doivent être laissés au cours du défrichement, en vue de protéger les jeunes plants de bananiers contre le vent et contre un trop fort ensoleillement direct.
Sélection et préparation du matériel de plantation
Une gestion saine des parasites et des maladies de la banane commence par une sélection rigoureuse des méthodes de traitement et par la sélection d'un matériel agricole résistant. Les bons cultivars doivent être choisis en fonction des problèmes de maladies dominants d'une zone donnée.
Certains cultivars sont résistants à certaines maladies, comme la banane Cavendish et la banane à cuire des hauts-plateaux, ainsi que les variétés comme la FHIA 17 (variété Cavendish), FHIA 23 (variété Gros Michel), qui sont résistantes à la maladie de la fusariose (Panama). Du matériel agricole sain et adapté aux cultivars supérieurs résistants aux maladies existe, et peut être obtenu grâce à des agents de vulgarisation locaux et des centres de recherche. Il est conseillé de planter différents cultivars et variétés dans une même bananeraie : dans le cas où une variété ou un cultivar serait attaqué par certains parasites ou maladies, l'ensemble des plantations ne serait pas anéanti.
Les bananes sont propagées à l'aide de drageons ou rhizomes de la plante mère. En général, les drageons et rhizomes bien traités sont fortement recommandés car ils sont exempts de parasites et de maladies. Les drageons pour la plantation doivent être soigneusement sélectionnés et préparés afin de minimiser la propagation des parasites et maladies. Ils doivent être obtenus à partir de plantations exempts de tout parasite et maladie. Les petits rejets sont préférés car ils sont généralement moins infectés par les nématodes et les charançons que les plus grands rejets.
Recommandations aux agriculteurs pour préparer la plantation de semis
• Le matériel de plantation doit être préparé à l'endroit où il a été obtenu afin de limiter le transfert d'infections dans de nouvelles zones.
• Retirez toutes les feuilles, gaines foliaires externes, racines, parties mortes de la plante et coupez une partie de la souche pour éliminer les charançons, les œufs de charançons et les nématodes. Toute tache brune ou noire qui apparaît sur les bulbes doit également être enlevée jusqu'à ce que ne reste que les tissus blancs du bulbe.
• Il est recommandé de traiter les drageons afin de les purifier de toute infection. Cela se fait en trempant les drageons dans de l'eau savonneuse pendant la durée d’une nuit afin d'éliminer les œufs et les larves des charançons. Aussi, les drageons peuvent être traités par trempage de la base de la plante dans de l'eau chaude (environ 60°C) pendant 10 minutes. Cela permettra l'élimination des nématodes dans les couches superficielles du drageon. Une solution faite d'eau de Javel à 10% (100 ml de solution dans 1 litre d'eau) est également utile pour désinsectiser les bulbes. Immergez la base des drageons dans la solution pendant environ 20 minutes. Les drageons ainsi traités doivent être plantés dans la semaine pour éviter d'être infectés à nouveau.
Recommandations aux agriculteurs pour la plantation d’une bananeraie
Les agriculteurs doivent être informés sur la façon de mettre en place un jardin de bananiers, en suivant ces directives simples:
• Marquez des lignes avec un espacement de 3 mètres sur 3 mètres pour obtenir un total approprié de 450 plants par acre. Cela permet d'éviter que les bananiers se chevauchent, et de prévenir la propagation des parasites et maladies d'un arbre à l'autre.
• Creuser des trous de 60 / 60 / 60 cm, le tout en plaçant le haut sol et sous-sol sur les côtés distincts du trou de plantation. Cela permet de s'assurer que lors de la plantation, la terre mélangée avec du fumier / compost sera utilisée pour remplir le trou.
• Effectuer la plantation au début de la saison des pluies afin que les plants nouvellement plantés reçoivent suffisamment d'eau pour une croissance rapide. Lors de la plantation, ne pas remplir complètement le trou. Laisser un bassin peu profond d'environ 1 pied pour améliorer la récolte de l'eau pour la jeune plante. Plus tard au cours de la croissance, cela fournira également un environnement propice à la production de nouveaux drageons loin de la plante mère.
Pratiques de gestion courantes
Certaines pratiques de gestion sont utiles à la fois pour renforcer la croissance des plantes de bananes et pour minimiser la propagation des parasites et des maladies. Cependant, ces pratiques doivent être appliquées systématiquement comme un ensemble, puisqu'en négliger une risque de nuire aux bénéfices obtenus par les autres.
a. Suppression de l’excédent de drageons
L'excès de drageons épuise la fertilité des sols rapidement et il en résulte des plantes fragiles et très sensibles aux infections. Seuls 3 à 4 rejets doivent être conservés par pied-mère afin d'assurer des plantes fortes et de bons rendements. Tous les drageons supplémentaires doivent être supprimés quand ils sont encore jeunes. Les drageons à différents stades de croissance (mère, fille et petite-fille) aux côtés de la plante mère, doivent être sélectionnés, afin de permettre l'accès des drageons à la lumière. La suppression doit être bien faite, de sorte que les drageons taillés ne grandissent plus. Le pseudo-tronc du drageon doit être coupé près de son bulbe et la pointe du couteau insérée dans le point de croissance afin d’éliminer le rejet de manière définitive. Lors de cette opération, il faut veiller à ne pas nuire à d'autres plantes filles.
Au fil du temps, les bananiers ont tendance à croître à distance de leur espace d'origine, si bien que les espaces entre les plantes se réduisent. À ce stade, il est nécessaire d'enlever les plantes qui se dressent à proximité d'autres. Si l'allure originelle de la bananeraie se déforme complètement, la plantation intégrale doit être supprimée et refaite.
b. Suppression des feuilles
Les vieilles feuilles et gaines sont sensibles aux infections et peuvent être être atteintes de maladies si elles ne sont pas retirées à temps. La suppression des vieilles feuilles aide à la lutte contre les taches foliaires, en limitant sa propagation aux jeunes feuilles et plantes. La suppression des anciennes gaines quant à elle permet de supprimer des cachettes pour les charançons adultes. En outre, les vieilles feuilles qui pendent vers le bas empêchent les jeunes plants d'avoir accès à la lumière du soleil. Il est recommandé d'ôter toutes les vieilles feuilles et les gaines ayant atteint la sénescence naturelle, et de les utiliser comme paillis.
Il est cependant important que suffisamment de feuilles soient laissées sur la plante pour produire une grappe de bonne qualité. Le nombre moyen de feuilles par plant doit être de 8 à 10 feuilles à la floraison et 4 à la récolte. Procéder à l'effeuillage de la plante avant la récolte n'est pas recommandé car il fait débuter le processus de maturation, avant que la plante ne soit réellement prête.
c. Couper les bourgeons mâles
Le retrait précoce des bourgeons mâles permet également de réduire la propagation de maladies comme le flétrissement bactérien du bananier, qui peut être transmis par les abeilles collectant le nectar de banane depuis les bourgeons mâles. Il faut prendre soin de ne pas endommager le reste de la plante en enlevant les bourgeons mâles. La suppression du bourgeon mâle favorise également un développement plus rapide de la jeune grappe.
Gestion de parasites et de maladies spécifiques
Les charançons et les nématodes sont les ravageurs les plus communs des bananes, attaquant presque tous les types de cultivars. D'autre part, la banane peut être victime d'une multitude de maladies qui peuvent causer des pertes de rendement importantes si elles ne sont pas bien gérées.
Pour exemples, citons la cercosporiose noire, le virus du BBTD, le flétrissement bactérien, la fusariose...
Lutte contre les parasites
a. Le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus)
Le charançon du bananier est un insecte très dangereux pour les bananes. Les larves creusent des galeries dans les bulbes, les racines, les drageons, et mènent à la destruction des racines. Cela peut mener au ralentissement de la croissance de la plante, à sa chute prématurée, voire à sa mort.
Recommandations aux agriculteurs pour la lutte contre le charançon du bananier :
• Utilisez du matériel agricole sain pour les nouvelles plantations;
• Dans les jardins fortement infestés, la rotation des cultures est particulièrement recommandée. Il est alors judicieux de détruire progressivement le jardin et de retirer tous les bulbes et bananiers. Compostez-les et élaborez une autre culture sur ces terres pour une durée de un à deux ans. Assurez-vous que toutes les tubercules et racines soient détruits;
• Veillez à l'hygiène du terrain. Diviser le pseudo-tronc après chaque récolte est une pratique courante. Le tronc est fendu et ouvert, et les gaines sont mises à sécher afin que les œufs et larves de charançons soient détruits. Les gaines doivent cependant être posées à distance du bananier (2 pieds), comme n'importe quel autre matériau de couverture ou paillant dans une bananeraie. Ne déplacez pas de résidu de plant de banane (pseudo-tronc, racines, gaines...) d'un champ à un autre afin de limiter la diffusion des charançons;
• Piégez les charançons. La pose de pièges pour attraper les charançons et les tuer peut être une méthode efficace de lutte, en particulier dans les petites bananeraies. Les charançons sont actifs la nuit et peuvent être piégés en les appâtant avec des tranches de tronc de bananiers. Les pièges doivent être détruits au bout de 3 jours afin qu'ils ne deviennent pas une source de nourriture pour les charançons. Les charançons piégés doivent être cueillis grâce aux appâts et éliminés ou distribués à la volaille.
• Gardez le pied des plantes propre et sain. Les matériaux de paillage et tout débris ne doivent pas être déposés à proximité des pieds et ne doivent pas fournir des cachettes aux charançons. En outre, tout bananier venant d’un jardin infecté ne doit pas être utilisé comme paillis dans les bananeraies saines.
• Utilisez des pesticides naturels, tels que la cendre de bois, des préparations à base de piment et d'urine animale, de l'extrait de tithonia, et de l'huile de neem. Ces pesticides doivent être appliqués à la base des plantes et autour pseudo-troncs infectés. Cependant, il est important pour les agriculteurs biologiques certifiés de vérifier auprès de leur organisme de certification avant d'utiliser des produits fabriqués en usine destinés à lutter contre le charançon.
Par ailleurs, il serait utile d'avoir sur le terrain des groupes de travail sur l'identification des parasites et des maladies de la banane. Des vulgarisateurs peuvent organiser des visites sur le terrain avec les agriculteurs pour analyser différents champs de bananes et identifier les signes observables de problèmes de parasites ou de maladies. Demandez aux agriculteurs d'analyser les signes d'infection et d'identifier les parasites et maladies.
b. Les nématodes
Les espèces Radopholus similis et Pratylenchus goodeyi sont les espèces de nématode les plus néfastes pour la banane. Les nématodes sont des parasites microscopiques (invisibles à l'œil nu), qui se nourrissent des racines des bananiers. Ils détruisent les racines et nuisent à l'absorption de l'eau et des nutriments. Les racines endommagées font que la plante va perdre en stabilité et pencher vers le sol.
Il est toutefois difficile pour les agriculteurs de faire la différence entre les dégâts provoqués par les nématodes et ceux causés par les charançons. Les attaques de nématodes provoquent le renversement de la plante vers le bas et exposent les racines à l'air (la plante entière est déracinée), tandis que les charançons provoquent la rupture de la base de la plante au niveau du sol. De nouvelles terres sont infestées par des nématodes lorsque les drageons de champs infectés sont utilisés. Sur un terrain infecté, presque tous les drageons seront infectés par des nématodes. Les bananes à cuire et bananes plantain sont particulièrement vulnérables face aux nématodes.
Recommandations aux agriculteurs pour la lutte contre les nématodes:
• Utiliser du matériel agricole sain afin de s'assurer de ne pas contaminer de nouveaux terrains;
• La rotation des cultures est ici aussi fortement conseillée;
• Augmenter la fertilité des sols grâce à l'ajout de compost dans les trous de plantation, améliorer la fertilité grâce à des engrais organiques et mettre en place un paillage permet de favoriser l'activité du sol tout en permettant de lutter efficacement contre les parasites comme les nématodes. Cela permet de renforcer les plantes et de les rendre plus résistantes au renversement provoqué par les nématodes.
• Veiller à l'hygiène du terrain. En plus des matériaux de plantation, les nématodes peuvent également s'infiltrer dans la terre emportée par les outils agricoles, sur les pieds et les chaussures des agriculteurs et dans les résidus de plants de bananes, en particulier les bulbes. Avant de pénétrer une bananeraie, toujours s'assurer que tout le matériel agricole est propre, ainsi que les pieds et chaussures des agriculteurs. Les bulbes ne doivent pas être transférés d’un jardin à l'autre afin d'éviter la diffusion des nématodes.
Gestion des maladies
a. Le flétrissement bactérien
Le flétrissement bactérien est la maladie de la banane la plus destructrice, et s’attaque à tous les types de bananes. Elle est provoquée par Xanthomonas Campestris pv. Musacearum. Les plantes infectées souffrent de maturité prématurée, les fruits sont tachés/arborent une coloration douteuse, les feuilles jaunissent, le bourgeon mâle sèche prématurément et un liquide ressemblant à du pus s'écoule lorsque le pseudo-tronc est coupé. L'infection se propage lorsque les outils agricoles et des parties de plantes infectées sont déplacés dans des jardins sains. Elle se propage également lorsque les abeilles pollinisatrices visitent les bourgeons mâles des plantes infectées et transmettent l'infection aux bourgeons mâles des plantes saines.
Pour gérer efficacement la maladie du flétrissement bactérien, l'action et la participation communautaires sont nécessaires. Les dirigeants locaux, les ONG, le personnel de recherche et son renforcement peuvent être très utiles dans la mobilisation des communautés pour mettre en œuvre de strictes mesures de quarantaine.
Recommandations aux agriculteurs pour la gestion du flétrissement bactérien
La maladie peut également être contrôlée en respectant les mesures suivantes:
• Détruisez toutes les plantes présentant les symptômes du flétrissement bactérien, et ce dès que les premiers signes font leur apparition. Coupez la plante dans son intégralité et enterrez les tas à distance afin de limiter la transmission de la maladie. Tous les outils doivent être désinfectés par les flammes ou en les nettoyant avec de l'hypochlorite de sodium ou toute autre solution d'eau de Javel.
• Utilisez un matériel de plantation sain. Traitez les drageons pour s’assurer qu’aucune infection ne contamine d’autres bananeraies.
• Pratiquez la rotation des cultures. Après avoir déraciné les bananiers de la parcelle infectée, y planter d'autres cultures pour une période minimale de 2 ans, suivie d'une nouvelle culture effectuée avec des bananiers et du matériel sains.
b. La fusariose
La fusariose est causée par le champignon Fusarium oxysporum f.sp cubense. Il se propage principalement par le biais des rejets infectés, et par la terre accrochée aux plantes, aux outils, aux pieds et aux chaussures des agriculteurs. Comme la maladie perturbe les ressources en eau de la plante, les feuilles jaunissent, en commençant par les feuilles les plus âgées. Puis les feuilles s’affaissent et forment une sorte de jupe autour de la plante. Les tissus vasculaires (pseudo-troncs, pétioles), seront affectés par une décoloration jaune et des lignes rouge sombre.
Les variétés Gros Michel et Latundan sont très sensibles à la fusariose. Le champignon peut survivre dans le sol pendant de nombreuses années (jusqu'à 30 ans) et est donc très difficile à contrôler. La fusariose peut être distinguée du flétrissement bactérien par l'absence de symptômes chez les jeunes drageons âgés de moins de 4 à 5 mois.
Recommandations aux agriculteurs pour la gestion de la fusariose
Toujours utiliser des variétés ou cultivars résistants - c'est la méthode la plus rentable et la plus durable pour contrôler la fusariose. Les variétés résistantes comprennent: la Cavendish, la FHIA 17, la FHIA 23 et d'autres variétés hybrides.
Toujours veiller à l’hygiène du terrain. Il est recommandé de détruire les jardins infectés, et de retirer les plants et bulbes. Coupez-les et séchez-les ou compostez-les afin de limiter la diffusion de l’infection. Replantez le terrain avec des cultivars résistants (bananes à cuire, Cavendish ou autres hybrides). Sélectionnez de nouvelles terres saines pour assurer la replantation de plants à l’aide d’outils agricoles sains. Assurez-vous du nettoyage des outils, pieds et chaussures des agriculteurs (par trempage dans une solution d'hypochlorite de sodium à 10%) avant de pénétrer dans un jardin sain. Les bulbes ne doivent pas voyager entre les bananeraies afin d'éviter toute propagation des infections.
c. La cercosporiose noire
La cercosporiose noire est aussi appelée la maladie des raies noires, et est causée par le champignon Mycosphaerella fijiensis. C'est la maladie foliaire la plus dangereuse pour les rendements. La maladie provoque une décoloration sévère et une nécrose des feuilles, ce qui réduit la zone de photosynthèse de façon spectaculaire et conduit à une formation de fruits de mauvaise qualité.
Ce pathogène peut se propager par le vent et par l’eau, il peut donc devenir très difficile à contrôler.
Recommandations aux agriculteurs pour la gestion de la cercosporiose noire.
La maladie peut être gérée grâce à l'application des pratiques culturelles suivantes destinées à améliorer la résistance de l'hôte et de minimiser la propagation de l'infection:
• Améliorer la fertilité des sols - Une nutrition des plantes permet de réduire l'impact de la maladie. Un sol fertile favorise la croissance rapide du bananier, avant que les tissus foliaires ne soient détruits par l'agent pathogène.
• Maintenir un espacement approprié. Comme les bananiers poussent et produisent des drageons, il y a une possibilité que l'espace entre les plantes se réduise. Il est important pour l'agriculteur de réglementer l'espace entre les plantes afin que les feuilles de plants adjacents ne se touchent pas ni ne se frottent les uns contre les autres. Cela permettra de limiter la propagation de la maladie.
• Veiller à l'hygiène du terrain. Retirez les feuilles mortes et utilisez-les comme paillis dans les jardins non destinés à la production de bananes pour limiter la contamination des jeunes plantes et feuilles. Les pseudo-troncs et feuilles de bananiers ne doivent pas être transférés d'un jardin à l'autre afin de limiter la propagation des infections.
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Mis à jour: 2024-11-20 21:38 GMT|
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